Friday, December 21, 2007

Désirs d'avenir



A Bordeaux, quand on te dit "ouais y'a un groupe génial avec des gamins qui ont à peine 14 ans", tu penses "encore des branleurs en jeans slim" et en général tu as raison.

Et puis tu tombes sur Kid Bombardos : pas un jean slim à l'horizon, juste 4 gamins qui savent écrire de fabuleux morceaux avec une modestie immense (peut-être favorisée par leur maman qui filme chaque concert avec le camescope familial et son t-shirt des Smiths délavé). Ils en feraient palir d'envie les Strokes en manque d'inspiration.
A chaque concert, toutes les faiblesses qu'on avait pu trouver la dernière fois ont été corrigées. Leur progression est spectaculaire. L'avenir leur appartient. Avec leurs belles gueules, si les Kid Bombardos venaient de Leeds ou Liverpool, ils feraient la couverture du NME depuis des semaines. Mais non, rien.

Alors j'ai un peu envie de m'adresser à toi qui nous lit et qui a une maison de disques : mais qu'est-ce que tu attends, bordel? Que Carla Bruni vienne te proposer un album de reprises des Sex Pistols? Il faut signer les Kid Bombardos!

Kid Bombardos - I Round The Bend
Les Kid Bombardos seront en concert les :
4 Janv - Paris, Le Montel (en acoustique = miam!)
5 Janv - Paris, Le Showcase
17 Janv - Paris, La Maroquinerie
1er Fev - Toulouse, Fairfield
2 Fev - Perpignan, Le Barabul
9 Fev - Niort, Centre Culturel Leclerc

Sunday, December 16, 2007

Chronique d'un buzz annoncé



S'il y a bien un job pour lequel je me sens totalement inadapté, c'est... Bon ok, il y en a plusieurs. Même tous, à vrai dire. Disons qu'il y a certaines incompétences qui me semblent plus flagrantes que d'autres.

Imaginons. Imaginons que je sois directeur artistique dans une major ou journaliste musical dans un magazine branché. Le genre de type qui pressent les tendances, qui voit ce qui va marcher, le trend-setter absolu. Eh ben non. On peut rayer, c'est mort, je me plante à chaque fois. Je suis le genre de type qui croyait que Franz Ferdinand resterait un obscur groupe indie tandis qu'Electric Six allait conquérir le monde (on en reparle bientôt).

Ma dernière hérésie en date, c'était d'être persuadé que Scout Niblett serait le buzz de la rentrée (vous savez... Le buzz de la rentrée. C'est comme ça, il y en a toujours un). "Ah oui?", me répondait Cécile. "Parce que bon Scout Niblett pour l'instant y'a genre les fans d'Electrelane qui connaissent et c'est tout, non?" Euh... ouais. Mais j'y croyais, moi. J'y croyais à fond.

Tous les éléments étaient réunis. Il y avait un album sublime, This Fool Can Die Now. Il y avait de la douceur et du déchirement, il y avait Will Oldham en invité sur plusieurs morceaux, il y avait Steve Albini à la production, bref tout ce qui aurait du attirer l'attention d'un public un tantinet attentif.

Il y avait ça, tiens, une caresse pour les oreilles tristes.

Scout Niblett - Elizabeth (Black Hearted Queen)

Et puis ça, ne traînez pas près des amplis quand elle s'énerve...

Scout Niblett - Let Thine Heart Be Warned

Il y avait aussi Dinosaur Egg, la comptine d'une enfant dérangée, il suffit de l'écouter pour se dire que cette fille a vraiment un problème et avoir envie de la serrer dans ses bras.

Scout Niblett - Dinosaur Egg

Il y avait une reprise de River Of No Return qui enterre Marilyn Monroe (en même temps, elle est déjà morte...). Il y avait comme single une ballade soul enflammée comme on n'en fait plus, accompagnée d'une vidéo adorable où l'on voit Scout manger une glace avec Will Oldham déguisé en squelette. Je suis encore tombé amoureux.

Reprenons l'addition: excellent album + single + clip + people = buzz, en principe. Et rien. C'est à croire que les gens ont des truffes dans les oreilles, difficile de se concentrer sur un disque quand un cochon vous fourrage dans les conduits auditifs. Cette année le buzz était en solde, c'était Patrick Watson, songwriter gentiment quelconque et vaporeusement somnifère qui chante comme si son oreiller en dépendait. J'ai du me le farcir deux fois sans rien demander, "y'en a un peu plus j'vous l'mets quand même" (pour voir Windmill et PJ Harvey, aussi). Pendant ce temps, Scout Niblett continuait son parcours délicat et discret. Les deux personnes qui la connaissaient avant que je leur en parle sont mes deux meilleures amies. Tant mieux, finalement. On gardera nos frissons intimes entre nous, Scout Niblett jouera au Nouveau Casino lundi et ça sera juste pour nous. Venez à ce concert et vous deviendrez mes amis.

(En première partie, The Twilight Sad, excellent groupe dont le chanteur a l'accent tellement écossais qu'on le croirait norvégien. Le buzz de l'an prochain.)

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Post-scriptum: à propos de Will Oldham, nos fabuleux collègues de Trying to buy your love but I came up short ont eu une révélation, à lire absolument.

Sunday, December 09, 2007

A letter to London



(Pensez à la production mondiale journalière de logorrhée, recyclez vos écrits.)

...je peux pas m'empêcher de te suggérer encore un concert. Oui, je sais, je sais... ENCORE. Il y a quelque chose de surréaliste dans ce comportement obsessif, indiquer des concerts aux gens où qu'ils soient dans le monde. Si tu t’exilais dans un bled paumé au fin fond de la Mandchourie, je crois que j’arriverais encore à te signaler des groupes à ne pas rater. A condition que tu aies une connexion internet en Manchourie. Et encore, je pourrais dresser des pigeons voyageurs et leur tricoter des pulls en laine pour qu’ils survivent aux climats hostiles qu’ils rencontreraient en chemin. Bref.

J'étais en train de vérifier les dates de Dan Deacon parce que je dois écrire un post pour Black Candy, de préférence avant les concerts - je m'encombre parfois d'un sens pratique assez incompréhensible - et je vois: Londres, 7 décembre. "Tiens, c'est pour Eli, ça", me dis-je. Je cherche un peu histoire d'envoyer des infos fiables et complètes, et j'apprends qu'il joue avec Gay Against You. Arrrrrrrgggggh. Double bingo. Je sais qu'il y a pas mal de monde qui m'envie d'être à Paris et par conséquent d'avoir un nombre hallucinant de concerts à portée de métro, mais quand je vois ce genre d'affiche...

Alors vite fait, parce que j'aurai sûrement pas posté sur le blog à temps (NDLR: ouais, en effet...):
Dan Deacon est un gros américain mal habillé, genre bermuda et chemise informe. Tu rajoutes des grosses lunettes en plastique pour achever le tableau et tu arrives à cette conclusion: pas sexy.

Alors pourquoi, hein, pourquoi? Pourquoi faut-il absolument aller voir Dan Deacon? Parce que ce type fait une musique absolument barrée, un truc de gosse épileptique qui aurait branché un vieux Casio sur un courant électrique martien. Sur scène, il est seul avec ses claviers et un crâne vert lumineux, le "célèbre" Trippy Green Skull, et c'est complètement cartoonesque et déjanté. Un peu comme les super héros de comics qui ont une apparence banale dans le civil, il se transforme... sauf que lui se transforme en chorale de munchkins sous acide. J'avais été le voir au mois d'août à la Flèche d'Or, j'avais un peu discuté avec lui avant le show parce qu'il avait l'air de se tourner les pouces à son stand de merchandising, personne ne le connaissait ou presque. Je jetais un oeil aux disques et aux t-shirts, timide comme d'habitude...

- Hi, I'm Dan.
- Yeah, I know!

Un type totalement cool, ravi de discuter avec quelqu'un qui venait exprès pour lui. Peu de temps après, il avait retourné la salle, la Flèche d'Or était devenu un gigantesque shaker hystérique avec des gens sur scène qui faisaient n'importe quoi pendant que lui se baladait dans le public... Mémorable. Pour moi ce type est la révélation de l'année, haut la main. Un des meilleurs albums et un des meilleurs concerts que j'ai vus cette année. Donc je ne peux que t'encourager à aller le voir.

Deux ou trois trucs pratiques:

(Bon là je modifie un peu parce que vous vous foutez sans doute de savoir où il a joué la semaine dernière. Il est aussi passé aux Transmusicales de Rennes ce week-end, mais il dit lui-même que c'était un cauchemar donc tant pis. Les mp3s.)

Dan Deacon - The Crystal Cat

Dan Deacon - Wham City (edit)

Dan Deacon - Lion With A Shark's Head

(Je mets délibérément la version courte de Wham City, ce qui est limite criminel, mais ça vous forcera à vous procurer l'album. Et ce n'est rien en comparaison de la folie de ses concerts. Pour vous situer l'ampleur du phénomène, j'avais acheté un t-shirt que j'avais cru voir blanc dans la pénombre. Il était en fait jaune fluo. Je le porte quand même, et je peux vous assurer qu'il y a peu de gens qui me font porter des t-shirts jaunes fluo. Dan Deacon est de retour ce soir à la Flèche d'Or et vous avez intérêt à avoir une sérieuse excuse (genre Turbonegro au Trabendo) si vous le ratez. Vous avez intérêt à avoir votre billet pour Bruxelles le 14 parce que c'est complet. Sinon vous êtes tous moches.)


Friday, December 07, 2007

Hibernons



Pourquoi les gens veulent-ils toujours choisir les disques à emporter sur une île déserte? On l'imagine minuscule, l'île, juste un petit lopin de sable avec un palmier au milieu et des vagues à perte de vue. Magnifique. On en mangerait, si on était con à bouffer du sable.

Mais non, on a un peu plus de jugeote (c'est quand même Black Candy, ici). On perçoit l'exotisme à court terme dans cette vision carte-postalesque. Rationnellement, le réchauffement planétaire et la montée des océans rendront la chose parfaitement ordinaire d'ici quelques décennies. Nous vivrons tous sur des îlots éparpillés à la surface d'un globe aqueux et TOUS nos disques seront des disques d'îles désertes. Alors tant qu'il est encore temps, fantasmons sur les igloos.

Klima, ça ferait une excellente bande son polaire. Si Angele David-Guillou était groenlandaise, elle aurait droit tout les coups à des critiques évoquant la neige et les glaciers, tout ça. Oui mais non. Pas la peine d'aller chercher si loin, pas la peine de prendre un avion dont les rejets de gaz à effet de serre mettraient en péril l'objectif de l'expédition. Il suffit de prendre le métro et d'être au Nouveau Casino dans, hum, quelques minutes. Klima joue en première partie de Piano Magic et le Nouveau Casino prendra soudain un air d'igloo. Et ce sera aussi le cas demain à la Malterie, à Lille. On se rapproche du Pôle Nord, mine de rien.


Klima – Fluorescent Stars

Klima – I Love That Day

Klima – You Make Me Laugh

Thursday, December 06, 2007

Judith Butler en rigolo



Désolée pour l’absence de post, j’étais partie apprendre le stage-diving et rencontrer un petit chat roux qui s’appelle Ziggy à Brighton. Quand je vous dit que j’ai une vie palpitante…

Bref, commençons. A New York, les garçons sifflent les filles. Mais pas vraiment comme en France. C’est plus fréquent et le son est différent : un petit sifflement irritant qui est franchement insupportable.

Et puis tu rencontres un garçon comme Dave End qui te dit :
« Oh moi, je mets une perruque, je marche comme une pétasse en roulant du cul et évidemment les gars me sifflent. Une fois à leur niveau, j’enlève ma perruque en criant AH AH AH ! Si tu voyais leurs têtes ! »
Et tu as immédiatement envie que ce garçon devienne ton nouveau meilleur copain. Ce qui en général arrive après lui avoir parlé moins de deux minutes.

Les chansons de Dave End sont pareilles. Des petits morceaux lo-fi souvent très drôles mais qui soulèvent des questions et des souffrances qui touchent au genre et à un tas de choses de la vie avec un sens du détail exquis. Ce garçon est ma découverte la plus touchante de New York.

Dave End - Eleanor

Dave End - When I Was 13

Dave End - Foresight

Les deux albums de Dave End sont disponibles chez Olive Juice Music.