Sunday, February 17, 2008

Gimme more Johnny Depp



Dans le numéro des Inrocks de cette semaine, il y a une interview de Cat Power qui devrait te réconciler avec Chanou si tu trouves que son dernier album est nul. Et à la fin, à la question « Es-tu sensible à ce qui arrive à Britney Spears ? », elle a cette réflexion magnifique :

« Elle est presque née dans le système, elle a grandi à la télévision. Je pense qu’elle n’a jamais été entourée. Que personne ne lui a jamais donné un casette pour lui faire découvrir ses groupes favoris. Maintenant, il est peut-être trop tard. Qui pourrait l’aider à Hollywood ? Peut-être quelqu’un comme Johnny Depp ? »

Johnny Depp pour sauver Britney Spears, c’est vrai qu’on n’y aurait pas pensé. Mais alors peut-être que le bon vieux Johnny peut aussi résoudre le réchauffement climatique ? Ou réparer une terrible injustice : que Stand on the world soit enfin reconnu comme le meilleur morceau de la Terre. Promis, si je croise Britney un de ces jours, je lui fait une mixtape avec cette chanson en boucle.

Joubert Singers – Stand On The World ( Larry Levan Remix)

Tuesday, February 05, 2008

They all deserve to die



Je dois faire ici un aveu. Il m'arrive d'être réticent à annoncer certains concerts. Non qu'ils soient indignes de votre intérêt, chers lecteurs ô combien choyés, mais plutôt qu'ils aient lieu à la Flèche d'Or. A chaque fois, je serais tenté de vous dire "non, en fait n'y allez pas, c'est mal..."

"Certes", me direz-vous (chers lecteurs), "la Flèche d'Or c'est gratuit, on voit des petits groupes qui débutent, il faut bien qu'ils jouent quelque part", blah de blah de blah. Je connais l'argument par coeur et j'aurais du mal à vous contredire. Et puis une ancienne gare, sachant mon amour des trains, ça devrait me plaire. Mais une gare sans trains, c'est comme un jour sans pain, un miroir sans tain, une fusée sans frein, un curé sans... je m'égare. C'est la Flèche d'Or. Et pour moi, la Flèche d'Or est une des antichambres de l'Enfer, un des cercles décrits par Dante (cherchez bien, je suis sûr qu'il en parle environ vers la page 623), un lieu où même la perdition se perd. Je m'y sens comme un poisson dans l'acide. J'y ai vu de bonnes choses, pourtant. Seulement...

La Flèche d'Or est sans doute la pire salle parisienne où l'on puisse voir un concert (et Dieu et Dante savent que j'en ai écumées pas mal au cours des dix dernières années). L'entrée, déjà. Un physionomiste à l'oeil imbécile vous dévisage comme un malfrat. Dans son regard, l'inhumanité d'un photomaton et l'amabilité d'une porte de prison qui aurait perdu sa mère le matin même. Ce mec est là tous les soirs. Je connais peu de portes de prison qui perdent aussi souvent leur mère. Lorsque vous avez franchi cette étape avec un vague relent de hargne ("ouais je rentre, connard"), toute sortie est définitive. Donc inutile d'envisager de s'abreuver dans un estaminet proxime entre deux groupes pour esquiver le tarif du demi indexé sur le baril de Brent (une multiplication facile: le double). De toute façon, j'essaye de me faire oublier à l'Abribus où j'avais laissé une ardoise de... (c'est pas ma faute si les serveurs ne sont jamais là quand on veut payer. J'ai des témoins.) Bref. A l'intérieur de la Flèche d'or, c'est pire. Impossible de boire à l'oeil, déjà (ce qui n'est pas plus mal parce que la bière dans l'oeil, je sais pas si vous avez tenté l'expérience mais ça pique). Mais pire encore. Vous tombez sur les flècheux.

L'infernale cohorte des flècheux, ce peuple étrange qui se matérialise tous les soirs rue de Bagnolet pour traîner son indifférence devant des groupes qu'il n'écoute pas. Le flècheux ne se soucie pas de son environnement musical. Il parle, il boit, il passe sa soirée portable à la main pour joindre ses comparses à la recherche d'un hypothétique "bon plan after" où il n'écoutera rien non plus, mais peu lui chaut. Le flècheux est informe et indistinct. Son accoutrement trahit un souci de hype qui se noie dans le ridicule de son cocktail à dix euros. Précisément à 23 heures, il commence à taxer des clopes tandis qu'il entreprend la blonde à frange qui lui montre son décolleté - car la flècheuse est une pouffe, ou peu s'en faut (non, pas toi). Des moches qui baratinent des moches. Pour un peu, ils s'accrocheraient à l'oreille une étiquette portant leur adresse myspace (à défaut, ils l'inscrivent sur les murs des chiottes). Le flècheux mérite donc une mort cruelle, un harpon planté dans les omoplates, les cervicales broyées dans une porte d'écluse.

J'aimerais pouvoir éviter ce lieu. C'est peut-être pour ça qu'Underground Railroad s'est exilé à Londres, d'ailleurs. Il y avait si peu de francitude dans leur musique... Imaginez ce que donnerait un trio recréant Sonic Youth propulsé par le batteur hulkoïadale de Queens Of The Stone Age avec un bassiste en nuisette et une guitariste hurleuse. Dans la "scène rock parisienne" (une mauvaise blague en soi), ça ne vous paraît pas un peu choquant? Moi si. Eux aussi, sans doute. Rock'n'Folk, mieux vaut ne pas imaginer. Du coup, hop, on avait un bon groupe mais il s'est barré. Sous de meilleurs auspices, ils ont signé chez One Little Indian et ils ont tourné en première partie de Dinosaur Jr. Probablement ce qui pouvait leur arriver de mieux. Ils ont sorti un album tout à fait recommandable, Twisted Trees, dont voici quelques extraits en attendant le prochain dont l'enregistrement débute en mars.

Underground Railroad - Cookies & Milk

Underground Railroad - Hollywood Whore

Underground Railroad - Slouch

Et mercredi, ils repassent à la Flèche d'Or. Pour massacrer tout le monde.

Ok, y'a pas que Paris dans la vie, donc the tournée. Allez les voir ailleurs, c'est mieux.

6 février - Paris, La Flèche d'Or
7 février - Besançon, Les Passages du Zinc
8 février - Montpellier, The Secret Place
9 février - Castres, Lo Bodegason