Tuesday, October 28, 2008

Live fast, die young, go to a show


Illustration : Eric Joyner

Je voyais très bien comment ça allait finir. Quelques minutes auparavant, devant le bar, la discussion m'avait amené à lui dire "rappelle-moi de ne jamais monter sur un scooter avec toi" - ce qui n'était encore qu'une déclaration de principe, à ce stade. Et voilà qu'elle me tendait un casque, je n'avais plus qu'à m'accrocher, trouver un moyen de caser mon pied droit malgré la mystérieuse disparition d'un repose-pied, et nous étions lancés dans la circulation chaotique d'une nuit parisienne agitée. Slalom entre les voitures, virage excessivement penché place des Victoires à une vitesse invérifiable mais probablement peu conforme avec la législation, franchissement d'un passage piéton encombré de nombreux bipèdes qui estimaient probablement être en droit de traverser là (et qui l’ont fait entendre), couloir de bus en sens interdit en guise de raccourci inutile vu l'égarement qui a suivi et qui nous a conduit sur un des rares secteurs pavés de Paris... Arrêtés à un feu rouge, elle a tenté de me rassurer : "j'ai encore jamais eu d'accident... grave."

Dans le meilleur des cas, on allait être arrêté par les flics, et je n'aurais pas parié gros sur la légalité du contenu du sac d'une fille capable de rentrer de Bogota avec de l'herbe dans ses poches par inadvertance. Mais j'imaginais plutôt avec une acuité déplaisante comment on allait se viander et s'éclater le crâne contre le rebord d'un trottoir si elle ratait un virage, si on percutait une voiture, ou si un camion de dix tonnes nous tuait tous les deux. Et tout l'aspect vaguement glamour de mourir dans la fleur de l'âge lors d'un accident de scooter en compagnie d'une fashioniste franco-australienne aurait été anéanti par un casque trop petit et couvert d'autocollants ridicules.


Finalement, on n'est pas morts. C'était même un des meilleurs moments de la soirée.


Tout ceci me revient en mémoire parce que mon disque dur s'est mis à faire un bruit épouvantable et inquiétant, on dirait un moteur de scooter. Par un réflexe pavlovien, j'ai peur du crash. Il serait donc judicieux de vous parler de Volcano! tant qu'il est encore temps.

Volcano! est un de ces groupes qui méritent bien qu'on vous raconte n'importe quoi dans une longue introduction parce que le reste n'est pas facile à cerner. Rien de conventionnellement pop, pas de structures faciles genre couplet calme/refrain puissant où "toi aussi tu vas chanter, public". Architecturalement, ce serait plutôt la vieille maison bancale avec des escaliers en escargots qui ne mènent nulle part, des portes qui donnent sur des murs, des paysages différents à chaque fenêtre et un arbre qui pousse au milieu du salon. Et des trappes. Plein de trappes. Un truc complètement biscornu. On pourrait chercher les voisins pour leur emprunter du sucre, on tomberait sûrement sur Animal Collective ou Dirty Projectors. Ou Thom Yorke, s'il avait emménagé là pour se mettre au vert après une crise d'épilepsie provoquée par une course folle en scooter. Y a-t-il un terme générique pour ces convulsions musicales imprévisibles ? Je crois pas. Tant mieux, ouvrez les oreilles.


Volcano! - Africa Just Wants To Have Fun

Volcano! - Fairy Tale

Volcano! - Slow Jam

Ce trajet en scooter m'a également rappelé qu'il est parfois bon de faire ce que la raison condamne. Aller à la Flèche d'Or, par exemple. (Au fait, la nouvelle mention hypocrite "entrée gratuite – consommation obligatoire", ça signifie que vous payez à l’entrée). Volcano! y joue demain soir, et dans d'autres villes ensuite :

29 octobre - La Fleche D'Or, Paris
30 octobre - Soy Festival, Nantes
31 octobre - Ubu, Rennes (avec Fuck Buttons, c'est doublement conseillé)
5 novembre - Botanique, Bruxelles (avec Why?, là aussi double bingo)
7 novembre - The Fox & Firkin, Londres
17 novembre - 1:30pm Pure Groove Records, puis Hoxton Bar & Kitchen


Vous avez le droit d'y aller en scooter, mais c'est facultatif.

Saturday, October 25, 2008

Entre chiens et chats



Il y a 2 ans, le lundi après-midi de 15h à 16h30, dans l’amphi Siegfried, j’avais un cours intitulé «Structures Territoriales de l'Action Publique». Je crois que tout est dans le titre, non? Autant dire que je n’étais pas fondamentalement passionnée par le sujet, bien que, ironie du sort, mon nom de famille soit ‘Communal'.

Heureusement, tous les lundis après-midi, je me trouvais une petite place au fond à côté de mon amie Clémence et on rigolait dur. Je fais une petite parenthèse ici pour remercier encore une fois Clémence de m’avoir sauvé ma 4ème année d’IEP. Mais il est arrivé qu’une fois ou deux, Clémence m’ait abandonné sauvagement et laissé supporter cette épreuve du lundi après-midi seule. Pourtant, le prof avait une moustache, mais rien n’y faisait. Alors j'écrivais des listes à la High Fidelity (j’en parle pas au prochain post promis, vous allez finir par croire que c'est le seul livre que j'ai lu de ma vie) et je me souviens de cette fois où j’ai fait une liste comparative des noms de groupes avec des chats contre les noms de groupes avec des chiens. A toi, qui vient de te dire que ce genre de liste est super con, je rappelle le titre du cours : «Structures Territoriales de l'Action Publique». Voilà.

Donc j’en étais arrivé à quelque chose comme ça : Free Kitten, Cat Power, Pussycat Dolls, Quintron & Ms Pussycat, Cat on Form, Atomic Kitten, Le Club Des Chats Cats In Paris, The Stray Cats, Washington Dead Cats, les Chats Sauvages, Cats On Fire, The Cat Empire, King Kong Was A Cat et Pussy Galore VS Wet Dog, Snoop Doggy Dog, El Perro Del Mar, Three Dogs Night, La Danse Du Chien, I Am Un Chien, Dogs Die In Hot Car, Dogbowl, That Dog, Les Dogs Dog Fashion Disco.

Bref, comme cette liste totalement subjective le suggère : il y a plus de noms de groupes liés aux chats (comment ça, certains ce n’est surement pas à l’animal qu’ils se réfèrent?) que liés aux chiens, preuve évidente du fait que les chats sont évidemment les meilleurs mais Primus vous expliquera ça mieux que moi dans un post à venir. Mais comme pour chaque chose, il y a une exception qui confirme la règle : Wetdog.

Wetdog c’est le genre de groupes que j’écoute depuis 3 ans sur Myspace et que jusqu’à il y a 2 mois, je ne pouvais jamais voir parce qu’ils ne jouent qu’à Londres. Mais en un déménagement, on rattrape beaucoup de temps perdu et j’ai déjà pu voir Wetdog 2 fois et cher ami lecteur qui ne vit pas à Londres, laisse-moi te dire que tu rates quelque chose. Wetdog, c’est 3 meufs sous forte influence Raincoats mais avec un style personnel et ça défonce, voilà. Un son crados DIY, une vieille guitare saccadée, une basse rythmique entêtante, une batterie qui casse le rythme régulièrement et un ensemble fabuleux. Aller à un concert de Wetdog, c’est comme retrouver le punk tel qu’il aurait du rester tout en étant fermement ancré dans notre époque moderne. Wetdog, ça s’écoute mais surtout, c’est une expérience live (lol, je l’ai bien écrit). Ca défonce comme je disais plus haut. Wetdog, c’est comme les golden retrievers un peu: les seuls chiens vraiment coolos.

Bon j’arrête de dire des conneries, tu écoutes et surtout, tu viens au George ce soir parce que c’est le pub de mon quartier et que même Amy Winehouse et Kate Moss ont voulu le sauver de sa fermeture (ouais j’habite dans un quartier dingue, fuck Shoreditch).

Wetdog – Steal a car

Wetdog – Ce blog est tellement amateur que je ne sais pas le titre

Wetdog vient également de sortir un excellent premier album chez Angular Records. Et sinon, lors de recherches postérieures, j’ai découvert qu’il existe un groupe du nom de Kiss the Anus of à Black Cat… Tout un programme.

Monday, October 20, 2008

La vérité sur les chaussettes de Bérégovoy


Photo: The Foxwebsite (meilleur site du monde)

Dans High Fidelity, quand le héros se rêve en copain de la chanteuse Marie DeSalle, il imagine qu’il aura son nom dans le livret de son prochain album et que ses private jokes avec elles apparaitront dans les paroles. Comme surement beaucoup de gens, enfin je crois, il m’est arrivé de me demander si la fille qui avait l’air d’avoir salement amoché le cœur de tel ou tel chanteur existait vraiment. Les chansons, c’est un peu comme les romans, on ne sait jamais vraiment quelle partie est vraie. Cette magnifique introduction pour vous dire que non, je ne sais pas de qui parlait Bono quand il chantait “I can’t live with or without you” (son jet privé peut-être?) mais je peux raconter une autre histoire.

C’était en 2006, à Brighton. Un soir de mai, on était chez mon ami Nico qui s’amusait bien avec sa nouvelle machine à smoothies et nous faisait des cocktails qui tabassaient. Il y avait Ray Rumours (qui, non, n’est pas ma sœur) et une autre amie. Il fallait qu’on enregistre les chœurs pour la chanson “Staying in”. Les paroles de ce morceau racontent que parfois c’est mieux de rester à la maison et de faire la fête dans sa chambre. On a chanté, enregistré et puis on a fait exactement l’inverse de la chanson : on est allé sur la plage pour courir, faire la roue et se casser la figure sur les galets. Et puis on a fini au pub tout bourré. Brighton quoi. C’était bien.

Ray Rumours – Staying in

Tout ça pour dire que le message de ces paroles ne reflète pas tellement leurs conditions d’enregistrement. Pourtant, les chansons de Ray Rumours et notamment celles de son premier album, The Hemulen, c’était ça : des petites chansons enregistrées dans une chambre avec la bouilloire qui chauffe pour la tasse de thé. Des chansons qui parlent de forêt, de loups, de films français et qui vous enveloppent dans un oreiller géant quand on les écoute.

Et puis, en mai 2008, Ray Rumours est partie en Ardèche avec Nico, François et Ochi dans une maison au bord de la rivière. Ils auraient pu enregistrer le même type de chansons mais comme il faisait beau, ils ont eu envie d’emmener les chansons de Ray Rumours faire un tour en canoë sous le Pont d’Arc et d’y ajouter plein d’instruments. Tout ce petit mélange donne un nouvel album qui devrait sortir bientôt et qui ressemble à une paella folk : un disque avec un tas d’ingrédients et beaucoup d’amour qui transporte dans des pays inconnus mais qu’on a l’impression d’avoir toujours connus. Un premier extrait, "Puddels and Rain", s'écoute dès maintenant sur Myspace.

J’ai raconté à Ray Rumours mon projet de devenir ourson, enfin plutôt renard, de groupe et elle m’a offert un stage au sein de son groupe. Malheureusement, je n’ai pas encore eu le temps de confectionner mon costume alors je ne pourrai pas venir danser à son concert samedi à la Flèche d’Or mais bon ça sera très bien quand même et tu devrais y aller.

Ray Rumours – Wolf Song

Ray Rumours - Birches