Wednesday, November 07, 2007

Dieu, les trains et la finance (dans le désordre)



Vous avez encore envie de tomber amoureux, vous? Vraiment? Ce n'est pas très raisonnable, vous savez. Il faudrait peut-être aller consulter, comme on dit. Consulter qui, je sais pas trop. N'importe quel analyste financier vous dirait, en vous toisant avec dédain derrière ses demi lunettes austères, que si vous avez acheté des actions dans le sentiment, le krach n'est jamais loin. Et après c'est la ruine, la misère, l'errance de ville en ville le long des voies ferrées avec votre petit baluchon sur l'épaule. Et vous croiserez un gardien de passage à niveau qui vous apprendra qu'il n'est pas bon de se promener le nez en l'air sur les rails, un accident est si vite arrivé. Il vous invitera à faire une halte dans sa cahute un peu rustique, car vous aurez l'air hagard et la tignasse hirsute. Puis il vous proposera un petit alcool de prune de derrière les fagots, en vous montrant les photos des dernières victimes ramassées en lambeaux à deux pas de chez lui. "Regardez, celui-là il s'est fait arracher le coeur par une fille-locomotive. Il a survécu deux jours dans des douleurs atroces, j'ai du l'achever à la chevrotine. Enfin mon chien était content, ça le changeait de l'ordinaire. Tiens, vous saviez qu'avant de brûler un corps, il faut d'abord lui faire un trou dans le crâne? Sinon ça explose et un jet de cervelle bouillante peut vous défigurer. C'est comme ça que... Hé, pourquoi vous partez?"

Quelques minutes et trois kilomètres plus loin, en reprenant votre souffle, vous remercierez Dieu et la SNCF pour l'automatisation des passages à niveau vu que les gardiens sont de foutus psychopathes.

Dieu, justement, il passera par là. Comme tous les jours, il promènera sa vache le long de la voie ferrée. Et vous profiterez de l'occasion pour lui dire "ok, les filles c'était vraiment une idée géniale, mais alors... Tu pouvais rien faire de pire pour moi, t'as vu dans quel état ça me met?"

Alors non, décidément, tomber amoureux n'est pas une chose sensée, croyez-en les éclopés sentimentaux qui tiennent ce blog. Mais il se trouve (assez heureusement, je trouve) que nous ne sommes ni analystes financiers, ni gardiens de passage à niveau (ça pourrait faire un blog passionnant), ni Dieu. Au lieu de ces activités socialement reconnues, nous passons notre temps à écouter des petits groupes comme The Brunettes, au péril de notre équilibre affectif. On ne se rend pas compte des risques qu'on prend. Il suffit de quelques mélodies pop sixties chantées d'une voix ravissante, quelque chose comme des Cardigans en plus lo-fi et néo-zélandais, et bang, on est prêt à retomber amoureux. Comment rester insensible à un duo fille/garçon qui a consacré une chanson à l'un des problèmes les plus sous-estimés de l'humanité: la difficulté de s'embrasser lorsque le garçon est très grand et la fille plutôt petite? Rien que pour ça, je les aime, et je suis convaincu que la chanteuse porte des Converses. J'irai vérifier au Point Ephémère.


The Brunettes - Loopy Loopy Love

The Brunettes - Polyester Meets Acetate

The Brunettes - Your Heart Dies


The Brunettes seront en tournée:
- le 13 novembre à Paris (Point Ephémère)
- le 20 novembre à Bruxelles (Recyclart)
- le 22 novembre à Toulouse (Samba Resille, qu'est-ce que c'est que ce nom?!)

6 Comments:

Anonymous Anonymous said...

Le niveau sonore au point FMR ne me donne guère envie d'y aller, malheureusement...

11:50 PM  
Anonymous Anonymous said...

Okay, copyrignt sur les lignes 19 à 21 (non mais)

11:50 AM  
Anonymous Anonymous said...

oui, j'ai encore envie de tomber amoureux.

12:35 PM  
Blogger Primus said...

@ druggy: oui, je sais... Mais tu étais ravie de me permettre de briller en société, non?

@ koala: oui, je sais... Après la Grande Dépression, les Trentes Glorieuses.

@ lyle: oui je sais... Enfin non, je suis déjà sourd.

3:15 AM  
Anonymous Anonymous said...

Le groupe d'un bon copain fait leur première partie à Toulouse (The Effervescing Paintbox).
Moi qui avait pris l'habitude de venir ici une fois tous les 4 mois, faute de neuf, je suis heureux de voir que ce magnifique blog semble sorti de sa léthargie.

8:05 AM  
Anonymous Anonymous said...

ça fait du bien de te relire Primus, ton talent a encore poussé.
alors ne le gaches pas et puis arrête de bouder.
bises
Flora

1:58 PM  

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